Le succès de la Riviera alémanique, de Genève ou encore de certaines stations alpines ne se dément pas, en particulier dans l’ultraluxe, où les acheteurs sont peu tributaires du coût de l’endettement.
En pleine perplexité mondiale provoquée par la guerre commerciale de Donald Trump, les experts romands de l’immobilier de luxe avancent des perspectives optimistes. Ce marché de niche confirme plus que jamais son rôle de refuge pour les grandes fortunes et les ultrariches internationaux, dont le nombre croissant depuis une dizaine d’années (+5,2% en 2024) devrait encore augmenter dans les prochaines années, selon «The Wealth Report» publié par Naef Prestige Knight Frank.
Stimulés par une forte demande et une offre limitée, les prix restent soutenus pour les résidences de prestige à Genève, sur l’arc lémanique et dans les Alpes, édens pour les investisseurs suisses et étrangers sur le marché des résidences secondaires et touristiques.
Malgré la concurrence fiscale internationale, notamment celle de l’Italie, de l’Espagne et de Dubaï dont l’impressionnante dynamique semble promettre une année 2025 exceptionnelle, cette sphère de l’immobilier helvétique haut de gamme confirme l’inébranlable solidité de ses atouts.
Stabilité politique, économique et financière, sécurité, qualité devie, paysages idylliques et possibilité de vivre incognito s’affichent comme autant de facteurs décisifs, porteurs de placements pérennes et rassurants. Même le risque d’une hausse mondiale des taux d’intérêt provoquée par une éventuelle montée de l’inflation étasunienne ne saurait se glisser sérieusement dans ce contexte suisse engageant, la clientèle de l’ultraluxe ayant globalement recours à d’autres moyens de financement.
Attractivité remarquable
«Ce segment résidentiel de prestige destiné aux particuliers continue d’afficher une attractivité remarquable, observe Jérôme Félicité, président et associé de Barnes Suisse. La demande se maintient solidement grâce à la rareté des biens d’exception, situés dans des emplacements stratégiques, tels que la Riviera alémanique, Genève ou encore certaines stations alpines réputées.»
Le constat des experts romands interrogés est unanime. «Le marché du luxe relativement résilient marque un fort attrait pour les biens de premier ordre, confirme Maxime Dubus, à la tête de SPG One, agence exclusivement consacrée aux biens de prestige. L’offre de qualité limitée contribue à maintenir la pression sur les prix dans ces régions privilégiées.»
«L’offre de qualité limitée contribue à maintenir la pression sur les prix
dans les régions privilégiées.»
Maxime Dubus, directeur chez SPG One
Même son de cloche de la part de Bardiya Louie, cofondateur et CEO de Rockwell Properties. «Dans l’ultraluxe, où les acheteurs ne sont pas ou peu tributaires du coût de l’endettement, la demande reste forte, voire en légère hausse. Les biens d’exception trouvent rapidement preneur, souvent sans passer par le marché public, discrétion oblige. Dans le segment plus large du résidentiel, la baisse des taux de ces derniers mois a redonné un certain dynamisme au marché avec une hausse du nombre des transactions.»
Au final, la pierre exclusive qui profite davantage d’un regain d’intérêt stratégique que d’un emballement spéculatif reste plus que jamais perçue comme une valeur sûre.
Retour des acheteurs américains
Dans les tout derniers mois, avec le retour d’une volatilité des marchés, les courtiers haut de gamme en Suisse romande notent une recrudescence des visites et des offres sur des biens très haut de gamme (souvent à plus de 10 millions de francs). Ce mouvement est particulièrement sensible auprès des clients internationaux issus de zones instables comme le Moyen-Orient, à qui s’ajoutent à la vague d’Européens post-Brexit, de Français inquiétés par l’instabilité politique de leur gouvernement ou encore de «non-dom» ultrariches du Royaume-Uni en quête d’un nouvel eldorado fiscal.
«La diversification des nationalités est visible, avec une présence croissante d’acquéreurs étrangers cherchant à la fois des biens de prestige, mais également des biens de rendement», relève Maxime Dubus. À ce titre, parallèlement au secteur du bureau qui redémarre à Genève, le marché de la location résidentielle de luxe reste très actif, avec une demande soutenue pour les appartements et les villas de haut standing.
Avec l’épais brouillard de la politique trumpienne, des Américains fortunés, soucieux notamment de l’évolution du billet vert, déplacent une partie de leurs avoirs en Suisse. Certains s’y installent. Bardiya Louie observe un retour soutenu des clients d’outre-Atlantique qui s’étaient faits discrets ces dernières années, «avec la volonté d’acquérir des résidences secondaires très haut de gamme, particulièrement en montagne».
Au-delà des luxueuses stations alpines – avec Verbier et Gstaad en tête –, Genève, hub international, tout comme Zurich prisé pour sa dynamique économique, devrait aussi rester dans les demandes prioritaires. Et même si un afflux massif de clients américains ne semble pas à l’ordre du jour, le mouvement a de quoi faire frétiller cette petite niche du marché suisse qui, à cause des barrages à l’immigration (contrat de travail nécessaire et/ou ressources financières suffisantes), ne constitue jusqu’ici que 5 à 8% de la clientèle étrangère.
Source : « Immobilier de luxe : La Suisse, refuge doré des investisseurs », article de Viviane Scaramiglia, publié sur Bilan.ch le 19 mai 2025.
