Valentine Barbier-Mueller - Immobilier 2021: un cru exceptionnel !

Valentine Barbier-Mueller - Immobilier 2021: un cru exceptionnel !

Depuis maintenant deux ans, la pandémie a complètement redistribué les cartes de l'économie mondiale. Genève n'a pas été épargné et c'est parfois l'hécatombe dans certains domaines d'activités. En parallèle, d'autres secteurs ont le vent en poupe. C'est le cas de l'immobilier dont il est temps de faire le bilan 2021.

 

Hôtellerie, évènementiel, restauration, voyages ... autant de domaines que la pandémie aura mis à mal.

 

Mais, comme souvent, le malheur des uns fait le bonheur des autres !

 

Et s'il est un domaine qui a tiré son épingle du jeu, c'est l'immobilier. Globalement, le secteur se porte bien, voire même très bien ! Promotions, résidences secondaires, locatif, montagne, luxe... la quasi-intégralité du secteur est en pleine forme. Seule brebis galeuse au sein de cette famille bien heureuse, les locaux commerciaux, qui peinent à s'adapter aux évolutions du marché et ne parviennent pas vraiment à se réinventer. 

Pour le reste, tous les feux sont au vert ! Comme en témoigne l'un des patrons les plus importants du secteur. 

Lors d'une interview qu'il nous a accordé, Jérôme Félicité, président du groupe Gerofinance-Dunand | Régie de la Couronne | Régie du Rhône et Barnes, confie clore une année exceptionnelle :
"2020 était une très belle année, mais 2021 est assez exceptionnelle. La pandémie a en effet déplacé le curseur sur les réelles envies des consommateurs. Ne pouvant plus voyager, ni sortir au restaurant librement, une multitude de personnes se sont ainsi focalisées sur leurs lieux de vie. Rénovation, achat, résidences secondaires... sont donc devenus de nouveaux objectifs pour des milliers de personnes. Si Genève reste très dynamique, le canton de Vaud garde une longueur d'avance en termes de développement et de potentiel. Cette crise a aussi permis de repenser les lieux d'habitation et donc, pour les professionnels de l'immobilier, de s'adapter à la demande"

 

Coller aux nouvelles envies des consommateurs en 2021.

 

"A l'image du giga projet du quartier de l'étang, de beaux programmes sont sortis de terre et trouvent preneurs rapidement" explique le patron de la régie. "Pour rappel, le quartier de l'étang en quelques chiffres c'est : 16 immeubles d'habitation, 290 PPE, 580 appartements en locatif, des commerces, une école, une crèche et tout un pôle administratif et commercial. Notre régie déménagera d'ailleurs là-bas prochainement, soit près de 500 collaborateurs pour Genève. Ce projet a rencontré un vrai succès parce qu'il colle davantage aux attentes des nouveaux acquéreurs, car tout est à proximité.

 

Comment expliquez-vous l'engouement pour l'immobilier sur ces deux dernières années ?

"Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ceci. Le Covid en est l'un d'eux évidemment. Nous avons tous subi le télétravail, et donc passé beaucoup plus de temps chez nous, remettant en perspective le besoin de se sentir bien chez soi. Ainsi, l'envie d'avoir un extérieur notamment, ou une pièce supplémentaire pour le télétravail, a orienté différemment les recherches. Les villas avec jardin, les maisons jumelées ou encore les promotions neuves, avec plus d'espaces, ont connu un vrai succès. L'appétit pour la nature et le grand air a également dopé la vente de biens en montagne, et le besoin de calme, celui des résidences secondaires. A ce sujet, on vient d'ailleurs de dépasser les 100 millions de francs de transactions à Verbier, ce qui en dit long sur l'attractivité de ce secteur.  Enfin et c'est le second point, les temps de crises font également observer une ruée vers les valeurs refuges, dont l'immobilier fait partie"

Tout le secteur immobilier connaît donc un âge d'or ?

 

"L'immobilier va en effet très bien. Un domaine peine cependant a se réinventer. Il s'agit des locaux commerciaux. On continue à produire du commercial, mais pendant ce temps-là, le centre-ville se vide. C'est une vraie préoccupation, d'autant que les contraintes légales ne favorisent pas la transformation de ces immeubles en lieux d'habitation. La crise ayant favorisée les achats sur internet, tout le secteur du retail s'est retrouvé touché et les arcades commerciales peinent à rester ouvertes"

 

Le bilan et les perspectives :

 

" Comme je l'ai dit précédemment, le bilan est exceptionnel pour les deux années qui viennent de s'écouler mais nous devons rester vigilants et continuer d'être à l'écoute du marché. Notre métier est réellement exigeant et nous devons valoriser les rapports humains. A ce titre, nous ouvrirons deux grands flagships dans les centres-villes de Genève et de Lausanne d'ici quelques mois, pour être au plus proche de nos clients"

 

 

Genève redevient attractive et profite au secteur de l'immobilier de luxe.

 

Administratrice de SPG One, une société fille du Groupe SPG spécialisée dans l'immobilier de prestige, Valentine Barbier-Mueller fait le même constat en ce qui concerne le marché de l'immobilier de luxe : " Que ce soit en termes de nombre de transactions ou du point de vue des prix de ventes observés, nous atteignons en effet des sommets que nous n'avions pas connu depuis des années. Plusieurs éléments permettent d'expliquer de tels résultats, notamment l'effet Covid, les taux d'intérêts historiquement bas, l'attractivité de la Suisse et de Genève en particulier, ou encore la rareté de l’offre.


Le marché du luxe est en forte progression. A Genève, pour l'année 2021, nous avons recensé plus de 23 transactions à plus de 10 millions de francs, dont 5 à plus de 40 millions. Le marché de Genève est donc particulièrement dynamique, tout comme la région Lausannoise, ou encore celle les Alpes Suisses, avec Gstaad et Verbier en tête, car les biens y sont extrêmement rares et la demande forte.

Il y a encore 5 ou 6 ans, le discours n’aurait pas été le même, mais aujourd'hui Genève connaît un important regain d'attractivité, y compris sur la scène internationale. Les acquéreurs de ce type de biens sont aussi bien des Suisses, que des étrangers qui souhaitent s'établir en Suisse.


Quant à la typologie des objets recherchés, une belle superficie, des espaces extérieurs généreux, ou une proximité à la nature, sont des atouts particulièrement appréciés. En conséquence de la crise covid, les acheteurs souhaitent disposer de suffisamment d'espace pour pouvoir recevoir et ainsi maintenir un lien social en cas de reconfinement, ainsi qu’être en mesure de travailler confortablement de leur domicile.
Enfin, l'immobilier reste une valeur refuge et la recherche de rendement dynamise globalement le secteur" termine Valentine Barbier-Mueller.

 

 

Côté financement, cela suit-il ?

 

 

A cette question, Jean-Marc Aznar, expert en financement, fait sensiblement les mêmes constats que les deux régisseurs.

"C'est en effet une année exceptionnelle. Même si les procédures se sont complexifiées depuis quelques années, globalement, les banques sont toujours ouvertes et proactives dans le secteur de l'immobilier. On a connu un engouement réel pour les acquisitions immobilières ces deux dernières années et les institutionnels ont suivi. Ce que l'on a aussi constaté, c'est une évolution de la typologie de clients. Là où avant, la majorité des transactions se faisait grâce aux expatriés ou aux professions dites "hautes", les nouveaux acquéreurs sont dorénavant plus jeunes. Ce sont souvent des jeunes familles, qui veulent sauter le pas de l'acquisition immobilière, ce qui est fort réjouissant. Le financement des primo-accédants genevois est une satisfaction, même si cela devient compliqué de satisfaire tout le monde, tant le marché s'est asséché. On a vu des promotions partir en trois semaines !
Un autre point est à souligner quant à la localisation. En effet, avant, la recherche d'un bien se faisait en fonction de la proximité par rapport au lieu de travail. Aujourd'hui, l'envie de jardin ou d'extérieur prédomine, et la campagne attire davantage"

Question taux ?

"Ils sont toujours historiquement bas, avec une moyenne entre 0,90 et 1, 15% sur 10 ans, mais l'on constate toutefois une certaine volatilité. Depuis 6 mois, les variations de taux sont plus grandes et les banques, plus exigeantes. Pour ce qui est des immeubles de rendement, il y a très peu d'offres, car ils sont pris d'assaut par les investisseurs. En effet, mieux vaut un immeuble à faible rendement, que des taux d'intérêts négatifs pour l'argent qui dort sur des comptes"

 

 

Une profession qui séduit les jeunes !

 

Un autre indicateur souligne également l'embellie que connaît le secteur, c'est son attractivité en termes d'emplois.
Philippe Angelozzi, secrétaire général de l'USPI Genève (Union Suisse des Professionnels de l'Immobilier) nous le confirme: "Le secteur de l'immobilier connaît également une bonne dynamique en termes d'offres d'emplois. Les régies immobilières, en tant que PME locales et de par la diversité des métiers qu'elles proposent, suscitent de plus en plus de vocations et sont constamment à la recherche de collaborateurs formés. L'incitation pour une bonne formation des candidats, que ce soit des jeunes apprentis, ou dans la formation continue des collaborateurs confirmés, est une des missions prioritaires de notre association professionnelle."

 

2022 devrait être une belle année, selon l'Office cantonal de la statistique.

 

Publié il y a quelques jours, les statistiques, de l'Office Cantonal, confirment cette embellie de la profession :

"Au troisième trimestre 2021, la situation des affaires continue d'être jugée bonne, tant dans la gérance, que dans le courtage et la promotion.

Au cours de trois derniers mois, les commissions et honoraires ont augmenté dans le courtage, tandis qu'ils n'ont pas évolué dans la gérance et la promotion. Pour les trois prochains mois, les commissions et honoraires devraient se renforcer dans le courtage et se stabiliser dans la promotion. En revanche, une baisse est attendue dans la gérance.

Entre juillet et septembre, les loyers et prix de vente se sont nettement étoffés dans le courtage et la promotion. Dans la gérance, ils se sont stabilisés après avoir reculés les deux trimestres précédents. Au cours du quatrième trimestre, une hausse est escomptée dans la promotion et, surtout, dans le courtage, alors qu’une légère diminution est prévue dans la gérance.
Durant la même période, la demande de prestations devrait rester inchangée dans les trois types d'activités.


A un horizon de douze mois, l'ensemble des professionnels de l'immobilier anticipe une évolution positive de la marche de leurs affaires"

 

Des perspectives positives pour Genève, d'autant que le secteur emploie des milliers de personnes.

 

 

 

De Bleu 
Maximilien Bonnardot
Parution du 25.11.2021

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