Qu’elles sont les principales différences entre une villa contemporaine et une maison classique, disons plus patrimoniale?
Elles sont évidemment importantes, mais avant tout chacune présente un mode d’habiter spécifique. Dans les maisons contemporaines avec des typologies très fluides, des espaces pas toujours affectés à une activité, en particulier pour les espaces de jour, les volumes sont libres et variés ; les jeux de doubles hauteurs, de demi-niveaux, les apports de lumière et de vue font vibrer l’espace. Quand on parle de maison « classique », on pense aux belles demeures patriciennes du XVIII et XIXe siècle dominant de grands parcs arborés. Cette typologie abondamment pastichée et réinterprétée au cours du XXe siècle (le plus souvent sans le grand parc) est plus rigide avec ses pièces en enfilades et ses chambres reléguées à l’étage. Ce modèle traditionnel présente moins de surprises spatiales, les décorations murales et les revêtements apportant la touche du propriétaire.
Existe-t-il un profil de propriétaire type pour ces deux modes d'habitation très différents ?
Chaque propriétaire a une référence de vie qu’il tend naturellement à reproduire. D’autres ont, en revanche, une culture architecturale qui les orientent vers des expériences novatrices. Quelqu’un qui aura passé sa vie dans des domaines familiaux historiques aura peut-être envie de sa faire construire une maison très contemporaine, pour tenter une toute nouvelle expérience. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’habite pas de la même manière une maison patrimoniale ou une villa contemporaine. Si les deux modèles peuvent offrir un confort équivalent, la maison contemporaine propose davantage de volumes inattendus, de rapports à la nature subtils, de prises de lumière inédites sans parler d’une plus grande liberté dans l’usage de matières.
La villa contemporaine est-elle, en cela, mieux adaptée aux préoccupations écologiques de notre époque que la maison patrimoniale ?
Il n’y a pas de différences notables. Les techniques disponibles aujourd’hui permettent d’apporter les solutions d’économie dans les deux situations. Dans les maisons protégées au sens du patrimoine architectural certains arbitrages devront être fait en vue de sauvegarder la substance historique de ces témoins du passé. Dans les maisons neuves, contemporaines ou non, il en va de la responsabilité de tous les acteurs de la construction, maître d’ouvrage, architectes, ingénieurs et constructeurs, de livrer un bâtiment économique à l’usage, privilégiant les matériaux sains et pauvres en énergie grise.
Au niveau de l’architecture d’intérieur d’une maison patrimoniale, peut-on envisager de moderniser des espaces conçus il y parfois plus d’un siècle ?
S’il s’agit d’un bâtiment protégé, il n’y aura peut-être pas de possibilité d’intervenir sur les espaces, la typologie voire la substance des revêtements et du décors, mais cela n’empêche en rien d’intégrer un mobilier très contemporain. Dans une maison sans intérêt patrimonial reconnu, on peut imaginer agir de façon plus importante pour répondre à des besoins nouveaux, ce sera le rôle de l’architecte de guider le propriétaire vers une intervention en mimétisme ou en affirmant clairement la nouvelle évolution de la maison.
Au sujet des modifications internes des maisons. Comment cela se passe-t-il si on veut ajouter des chambres ou supprimer des pièces lors de grandes rénovations d'une villa contemporaine ou d'une maison classique?
Pour modifier ou ajouter des pièces, si des droits à bâtir existent sur la parcelle cela est en général relativement simple à réaliser. Sans droit à bâtir restant, il est toujours difficile, voire impossible, de diviser des pièces pour en augmenter leur nombre, et ce que l’habitation soit classique ou contemporaine. Chaque demeure reste un cas particulier et les transformation sont des équations à plusieurs inconnues qu’il faut résoudre avec le savoir-faire accompagné du talent d’un bon architecte.
Rédacteur: Emmanuel Grandjean - août 2023
